La nouvelle année venait de commencer, et la proviseur adjointe était en train de nous briefer. C'était assez original dans ce pensionnat. Il y avait un proviseur référent pour chaque section. Du coup, c'était un peu le bordel. Pour le briefing, on se sentait quand même un peu oppressés devant ces quatre personnes. Je les écouté calmement, même si, souvent, les phrases qu'ils pouvaient avoir à l'égard de ma section m'irritait. Non, mais pour qui ils se prennent ? Je vais leur faire bouffer leurs paroles moi. Je serrai les poings. Il fallait que je me calme. Je ne sais pas pourquoi j'étais autant sur les nerfs en ce moment. Peut-être parce qu'on m'avait annoncé que mon étudiant hospitalisé allait passer en conseil de discipline pour avoir fréquenté un lieu tenu par des yakuzas. Et alors ? Il n'a pas assez prit comme ça ? Faut, en plus, qu'on lui tombe dessus pour qu'il risque de se faire renvoyer du bahut. Puis, si ça gâche sa vie, on s'en fou ? Non, mais sérieux, c'est ça l'éducation ? La réputation de l'établissement avant tout ? Parce qu'on a réussit à avoir un bon niveau, faut qu'on saque les mauvais élèves ? Non, mais c'est une blague. Ce n'est certainement pas comme ça qu'ils vont s'améliorer. Ils ont besoin de plus d'attention que les autres, mais ils ont largement les capacités, merde à la fin !

La réunion m'a mit d'une humeur massacrante, et je sentais que j'étais sur le point d'exploser, alors, juste avant d'aller en cours, j'ai fait un détour par l'infirmerie, pour passer voir Chris, tout en me rafraîchissant les idées, en passant ma tête sous l'eau. J'en avais marre de ces proviseurs de merde. Mais il fallait que je me calme pour ne pas être peu patient, et donc m'agacer très rapidement. Pour une rentrée, ça ne le faisait pas vraiment. Rapidement, j'ai réussi à me calmer, et j'avais les nerfs beaucoup moins à vif. Et c'était assez essentiel tout de même de rester calme vis à vis des jeunes. Sinon, je ne serai pas un bon professeur. Je passais rapidement ma main sur l'arrière de la tête, m'ébouriffant les cheveux, avant de récupérer mes affaires, de saluer Chris, et de repartir vers le couloir des D. Evidemment, parce que sinon, ce n'est pas drôle, l'aile Sud était l'aile la plus éloignée du pensionnat. Injustice. Totale. Je détestais la mentalité de ce bahut. Un soupir fébrile m'échappa, alors que je continuais de marcher dans les couloirs. J'étais seul, c'était assez effrayant, cependant, il ne me semble pas que la cloche ai sonné. Je pense surtout que personne n'avait envie d'être en retard pour le premier jour. J'étais le seul débile à ne pas m'en inquiéter. Du coup, j'ai finis par me mettre à courir. Pile au moment où je suis arrivé devant la porte, la sonnerie a retenti dans le bâtiment, et j'esquissai un sourire. Pile à l'heure, quelle chance. J'entrai dans la salle. L'ambiance était toujours spécial chez les D, et on ne savait pas vraiment s'ils allaient se taper dessus, ou alors s'ils  rigolaient et s'amusaient ensemble. Ils étaient complexes les D, mais c'était pour ça que je les aimais bien. Je fermais la porte derrière moi, avant de leur sourire, et de passer derrière mon pupitre.

Sur de très nombreux points, la rentrée scolaire ne changeait pas grand chose dans le quotidien monotone du jeune accrobate. Il se levait toujours avec le soleil, faisant la course avec lui afin de savoir lequel d’entre eux deux arriverait le premier au sommet des toit du pensionnat Miyusaki. Il aimait cette sensation frissonnante et grisante de sentir sur son corps encore humide de la douche froide qu’il avait prit avant de sortir par la fenêtre, les premiers rayons d’or du soleil, chassant instantanément la sensation de froid qui aurait pu s’installer en lui lors de l’escalade du bâtiment.

Ce matin de rentré n’avait pas échappé à la règle, et ignorant en toute discrétion ses camarades encore endormis, Sora s’était glissé par la fenêtre pour rejoindre son promontoire. Du haut de son perchoir, il avait contempler d’un œil vagues les premiers élèves rejoindre le réfectoire afin de petit déjeuner, et avait croqué dans une pomme qu’il avait chapardé la veille au soir, tandis que la dame de la cantine qui servait lui tournait le dos, observant les premiers externes pénétrer dans l’enceinte de Miyusaki.


C’est seulement à ce moment là, que la pensée qu’il devrait lui aussi se rendre en cours lui traversa enfin l’esprit. Pour un interne comme lui –surtout lorsqu’il avait passé les vacances entières dans l’enceinte du pensionnat- être dans ces lieux ne symbolisait pas forcément comme pour tous les autres : cours.
De plus, le jeune homme venait également de se souvenir que le premier cours pour ouvrir le bal de la rentrée, était son cours principal.
Et qui disait cours principal, disait Usami-Senseï.


En réalité, il n’avait rien de spécial contre ce professeur, il était simplement… méfiant. Très méfiant, et savoir qu’il commençait par ce cours en particulier ne manquait pas de faire grimacer l’acrobate. L’épisode de l’hôpital était encore trop présent dans son esprit. Ce souvenir en mémoire, Sora ne put s’empêcher de frotter machinalement le poignet qui l’avait fait se rendre là bas.
Sur un dernier soupire, il se décida à rejoindre sa salle de classe. Par la façade bien évidemment.


Rejoignant la salle déjà bruyante par une fenêtre ouverte –c’était l’un des avantages des salles de D, elles étaient souvent surchauffé par l’activités de tous les étudiants, occupé à tout sauf à étudier,- et alla s’asseoir en tailleur sur sa table, dominant une partie de carte endiablée, saluant ses connaissance d’un hochement de tête.

Le prof entra finalement, sans que personne ne lui accorde la moindre importance, la plupart daignant à peine lever la tête à son entré. Quant à Sora, il se contenta simplement de lui glisser un regard méfiant, tout en imitant ses camardes.
Techniquement, on ne pouvait rien lui reprocher. Il était assit sur sa table.

Ainsi va la vie. Les habitudes scolaires de tous les jeunes habitant Miyusaki avaient repris, et je ne dérogeai pas à la règle. Toujours levé à l'aube, je partais toujours en discrétion faire ma toilette, prenant le soin de ne pas déranger le sommeil de mes camarades de chambre si innocents en ce moment. Je souris en les regardant dormir. Je suis très matinal, du coup je suis toujours le premier levé. Mais je sais que Sora doit également l'être. Une fois préparé, l'uniforme négligemment enfilé, je récupère mon sac, avant de prendre mes chaussures dans la petite marche, et de sortir, en refermant en silence la porte. J'enfilai les chaussures pour le bahut, avant d'ouvrir mon pantalon, pour remettre correctement mon caleçon, pas très gracieux, je l'avoue, mais tôt le matin, il n'y avait jamais personne, du coup, je pouvais bien faire ce qu'il me chantait. Je rentrais ma chemise dans mon froc, avant de le refermer, et de prendre le chemin du toit. Je sortis une pomme de mon sac, puisque je ne déjeunais que très peu le matin. Un peu comme Sora. Quelque part, je pense que nous nous étions plutôt bien trouvés. Nous avions pas mal de points en communs, tout comme nous en avions qui divergeaient. Mais, comme disait St Exupéry « Si tu es différent de moi, loin de me léser, tu m'enrichis. » j'appréciai Sora. Il était probablement le seul ami que j'avais à vrai dire. Je ne sais pas pourquoi. Je n'avais jamais eu l'occasion de vraiment parler aux autres de la classe. Il faut dire qu'ils étaient tous plus ou moins violents. C'est dommage.

Enfin, une fois arrivé sur le toit, le trognon de pomme négligemment balancé dans une poubelle à la droite, je grimpais aux endroits improbables où pouvait se trouvait Sora. Je lui adressai un sourire, puis, je sortais une barre de chocolat de mon sac, avant de la manger. J'en proposai toujours une à Sora. Puis, nous regardions la fin du lever du soleil tous les deux, avant de redescendre, silencieusement et nous nous dirigions en cours. Ça par contre, c'était nouveau. D'habitude je partais tout seul. Enfin, avec Onee-chan. Mais depuis qu'on s'était prit la tête, je n'avais plus de nouvelles d'elle. Je ne la croisais même pas dans les couloirs du pensionnat. Je m'inquiétais un peu de ne pas avoir de nouvelles d'elle à vrai dire. Enfin, ce n'était pas comme si c'était anormal qu'elle déserte les cours en fait. Du coup, sur ce point, je ne devais sûrement pas avoir à me faire de soucis, mais bon, quand même, il ne fallait pas exagérer. De là à ne pas la voir du tout. Enfin, je ne sais pas, peut-être que je me fais du soucis trop vite ? 

Sora me paraissait étrange. D'habitude, il se fichait plus que ça d'être en cours ou non en fait. Puis, Usami paraissait sympa. Tant qu'il restait loin de moi. Il me saoulait pas quoi. Et ça c'était plutôt pas mal. J'pense qu'il y a quelque chose dont je ne suis pas au courant, mais bon, qu'importe. Sora me le dira s'il en ressent l'envie.


Je saluais tout le monde, en souriant. Je tapais dans la main de quelques types. J'avais l'impression que cette année allait être meilleure que l'an dernier. Je m'assis avec Sora pour jouer aux cartes. Cet enfoiré gagnait toujours, alors que j'étais sans arrêt le dernier de la partie. Je le prenais bien. Je n'étais pas mauvais perdant. Usami rentra dans la salle, attirant mon regard, il nous demanda avec sympathie de regagner nos places. Je mis une petite tape sur l'épaule de Sora pour qu'il le fasse, et je balançai mes cartes sur la table, avant de me lever et de regagner mon bureau. Pas que je voulais être docile. Seulement, quitte à être là, autant le mettre à profit.