La jeune fille fit les cent pas dans sa chambre, portable en main. La patience de Scarlet avait des limites. Voilà plusieurs jours qu'Hayato n'avait donné aucun signe de vie. Elle n'était pas du genre à être collante ni à harceler un garçon, sans doute parcequ'elle était trop fière pour cela, mais elle finit tout de même par lui envoyer plusieurs messages. Avait-elle fait quelques choses de mal ? Non, elle ne s'en souvenait pas. Alors pourquoi il l'a rejeté maintenant ? Elle aurait sans doute dû passer à sa boutique pour le voir mais elle n'avait pas envie de passer pour une fille accro qui se la ramène dès qu'elle ne reçoit plus de message. Elle préférait cela joué détacher, mais elle avait cependant de plus en plus de mal à se contenir. S'il voulait de l'espace il aurait pu clairement lui dire au lieu de faire le mort. Il ne lui était pas venu à l'idée qu'il avait pu lui arriver quelques choses. La seule chose qui l'inquiéter était qu'il puise la jeter comme une veille chausette sans prévenir.La porte de sa chambre s'ouvrit, laissant apparaitre le visage amusé de son frère. Décidément il était toujours là pour ce la ramener lorsqu'elle était agacée.

"Tu as bientôt fini d'arpenter la pièce ? Tu vas finir par trouer le sol à force de faire les cent pas." dit-il avec un sourire mesquin qu'elle reconnut comme étant de l'inquiétude.

Il affichait toujours un air joyeux mais au fond c'était sa manière de montrer qu'il voulait savoir ce qui n'allait pas. Les Thorne ne pas montrer leurs émotions de la bonne manière.Pour toute réponse, Scarlet attrapa un livre qui trainer sur son bureau et le jeta au visage de Kai. Ce dernier eut le reflexe de fermer la porte avant de recevoir le projectile.

Elle s'allongea ensuite sur son lit et composa le numéro d'Hayato. Elle repria un grand coup et prit son mal en patience, imaginant déjà devoir parler au répondeur de son copain.

J’étais allongé au milieu de ma chambre, le regard rivé sur le plafond. Combien de temps avais-je passé ainsi, sans mot dire, sans esquisser ne serait-ce que le moindre mouvement ? Je ne savais pas. Je n’aurais su dire combien de jours s’étaient écoulés depuis la mort du père de Miyuki. Depuis que je portais la responsabilité de son meurtre au plus profond de mon âme. J’étais un assassin. La réalité me frappait, me donnait des putains de coups au cœurs à chacun de ses battements, me détruisant à petit feu. Par égoïsme, j’avais tué le père de ma propre meilleure amie. J’avais détruit sa vie, j’avais repoussé Junpei, que j’avais laissé souffrir tant d’années sans rien faire pour lui venir en aide. J’étais non seulement le pire des amis mais également le dernier des connards. La vie m’avait tout donné, mais j’avais tout gâché. Et la culpabilité me bouffait.

Le poids de cet éternel silence fut soudain rompu par une musique. Quelques accords de guitare que j’avais joués et définis comme sonnerie dans le cas où Scarlet m’appellerait. Un simple mélodie, très douce, qui retraçait dans mon cœur l’éclosion de mes sentiments pour elle. Scarlet… Son nom seul me rendait fou. Il m’emportait dans un tourbillon de souvenirs, dans mille émotions qui me coupaient le souffle. La caresse de ses mains agiles, la chaleur de son corps, la douceur de ses lèvres, la malice qui perçait dans sa voix, et se reflétait dans ses yeux profonds… Tout mon être soupirait après elle.

Sans trop m’en rendre compte, j’avais attrapé mon portable et avais décroché. Je mourrais d’envie d’entendre sa voix, qu’elle me rassure et qu’elle me dise qu’elle allait bien.

« Scarlet… » soufflai-je, et chaque syllabe me fut un coup de poignard au cœur.

Qu’allais-je bien pouvoir lui dire ? Comment justifier mon silence ? Comment lui dire ?…

Aux paroles de son petit ami, Scarlet se figea. Tué. Il avait tué un homme. Non ce n'était pas possible. Hayato ne ferait pas de mal à une mouche. Il était le garçon le plus patient et le plus calme qu'elle avait rencontré. Il y avait plus de chance pour que Taichi (qui était lui aussi un garçon très calme) commetre un meurtre que lui. Non. La jeune fille ne voulait pas croire en c'est parole. Pourtant le ton de la voix de son amoureux ne laissé place à aucun doute. Il avait tué quelqu'un. La réponse la plus logique à l'interrogation de Scarlet fut que cela était un accident. Elle avait pensé à un accident de la route mais il ne conduisait pas. Elle ne prit pas longtemps pour réfléchir et raccrocha le téléphone sans donner d'explication.

 En moins d'une minute elle était habillée convenablement et coure dans le couloir attrapant son sac et ses clefs avant d'ouvrir la porte.

"Hé ! Où vas-tu as cette heure ? Scarlet tu m'écou..." lança Kai en voyant sa soeur partir.

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que la porte s'était déjà fermé. La jeune fille ne prit pas l'ascenseur et se contenta de descendre les escaliers à une vitesse hallucinantes voire dangereuse. Elle évita de justesse la porte du deuxième étage qui s'ouvrer et ignorer les cris de la grosse dame qu'elle avait failli percuter. En moins de temps qu'il aurait fallu pour lui dire elle sauta dans sa voiture et prit le chemin de la direction de la maison d'Hayato. Il avait besoin d'elle. Il fallait qu'elle soit là pour lui-même si ce qu'il venait de lui annoncer l'avait terrifié. Elle roula au-dessus de la limite autoriser mais par chance il n'y avait pas de radar sur la route. Une fois à destination elle frappa à la porte avec véhémence.

"C'est moi ! Ouvre !" cria la jeune fille.